Vous croyez que je vieillis ?

Contrairement à ce que pourrait laisser penser ma signature, je suis une mammifère. Râleuse et rêveuse (lunatique!) aimant rire, pleurer, manger, boire (pas toujours avec modération), danser et raconter..
Vous croyez que je vieillis ?
Pour l'info :
Lundi j'étais donc "en prospection lagunes" : j'ai traversé 100m de taillis très très très dense d'ajoncs et maintes autres cochonneries d'arbustes qui griffent/piquent, le tout sans machette coupe-coupe débroussailleuse.
J'ai perdu mes bottes qui étaient sur mon sac à dos dans cette traversée...donc demi-tour dans le même m*rdier...et je n'en ai retrouvé qu'une.
J'ai failli mouraver de soif parce que par 35 °C on crève à faire des trucs pareils, et j'ai mis trois quarts d'heure à retourner à la voiture parce que je ne retrouvais pas le passage que je m'étais frayé dans la brousse pour venir à mes lagunes.
Tout ça pour vous dire que j'ai survécu et que je remets ça presque tous les jours jusqu'au 1er août. Donc oui : je suis une folledingue d'avoir accepté ce stage! warrior. Et Indiana Jones à côté de moi c'est une vraie tafiole (mais comme j'aime pas ce mot, je préfère dire bisounours, d'où le titre!). Lui quand il a fini de faire semblant de traverser la jungle (avec machette!) sans avoir jamais soif, on lui éponge le front, on lui efface ses fausses blessures (les miennes sont vraies!) et on l'invite dans des cocktails archi-class !
N'insistez pas, je ne suis pas branchée luxe. Mais après une journée comme ça je veux bien trois deux un mojito glacé et une infirmière-kiné à domicile.
Ya rien à faire, je suis une vraie glandeuse. Je ne sais pas faire les choses en temps et en heure. On peut me donner un boulot à faire trois mois en avance, je ne le commencerai que deux jours avant la date à laquelle il doit être rendu.
D'après mon père, c'est parce que je suis née avec un mois d'avance : je récupère mon temps perdu de glandouille au chaud en cumulant les retards (remarque, là, avec le cumul sur 21 ans, jme demande si ma mère n'aurait pas accouché au bout de 5 mois...on m'aurait menti ?)
Alors depuis la troisième je passe des nuits blanches pour finir en speed le travail demandé.Là, la règle ne connaît aucune exception.
J'ai rempli mon dossier pour le concours d'admission en école d'ingé agro courant avril. Je savais depuis le début que j'aurais un entretien sur travaux à passer début juillet et qu'il faudrait que j'envoie "un pré-rapport de quelques pages" avant cette date(demain dernier délai!). J'ai commencé mon stage le 13 mai et mon pré-rapport : hier soir. Résultat : je viens de finir, il est trois heures du mat', je suis vannée, j'ai fumé pour trois semaines de clopes...et je me lève avant 7h demain tout à l'heure pour retourner crapahuter dans la lande humide sous un soleil de plomb.
Si vous n'avez pas de nouvelles d'ici trois-quatre jours, c'est que je me serai noyée dans une lagune ! (et les p'tits malins qui voulaient faire une blague sur la greenouille se noyant dans une mare ont le droit de s'abstenir)
Suis admise en licence pro "conduite de projet et expertise agri-environnementale". Je suis admissible pour aller passer les oraux du concours C2 des ENSA (écoles nationales supérieures d'agronomie).
Je n'arrive pas à me décider : 1 an ou 3 ans? Aurillac ou ailleurs (Toulouse, Angers, Paris) ? une formation simple et professionnalisante ou des mois de galère pour essayer d'arriver à la cheville de ceux qui sortent de prépa?... et pouvoir passer près de 9 mois cumulés à l'étranger sur 3 ans...
je crois que l'ingénierie me guette.
J'aime, au retour du printemps, planifier avec Mutti les choses à faire au jardin; choses que nous n'auront jamais le temps de mettre en oeuvre. "Là je mettrais bien un rosier rampant comme-ci", "Tu veux les planter où les capucines ?", "mets une pancarte là, sinon ton père va encore passer la tondeuse dessus" (oui, mon père sait faire plein de trucs, mais en jardinage il est vraiment trop nul!!).
J'aime aller
J'aime quand il tient à tout prix à m'accompagner à la gare..pour ensuite me dire au revoir de la façon la plus concise possible. J'aime qu'il me dise "fais attention sur la route" quand je prends le volant (quoi que j'en dise sur le moment!).
J'adore par-dessus tout son amour inconditionné des vielles pierres et des traditions rurales (il pourrait presque être guide dans un écomusée). J'aime sa manie de jouer au loto "si je gagne on s'achète un moulin dans le Jura".
J'aime quand il raconte avec un sourire narquois son service militaire et qu'il exprime
J'aime le voir rajeunir sur "Sympathy for the Devil", "With a little help from my friends" by Joe Cocker (il sait même quand est le solo de basse!!) ou Patti Smith hurlant "G-L-O-R-I-A, Glooria!!".
J'aime me caler avec lui dans le canap' le dimanche après midi pour regarder Roland Garros (en vrai j'aime franchement pas le tennis mais je m'en fous, quand il s'endort je zappe, ce qui compte c'est d'être affalés l'un contre l'autre).
J'aime quand il me fait sentir qu'il y a un truc unique entre nous; parce que je suis son premier enfant, sa fille aînée, celle qui est encore plus hystérique que lui quand on tire un feu d'artifices, celle qui l'accompagne au salon du bois-énergie, celle qui jure aussi vulgairement et aussi fort que lui avec un volant entre les mains...
J'aime quand ma mère me hurle de venir dehors sans que je sâche pourquoi , et que je la retrouve, les yeux rivés au ciel, tout émue, suivant du regard un vol de grues. J'aime qu'elle me raconte les randos de ses vingt ans, dans le Lot, les Cévennes,..., ou son voyage au Mexique, qu'elle s'était payé en bossant comme veilleuse à l'hosto.
J'aime son régard de photographe et sa façon de nous faire vivre ses voyages. J'aime quand elle parle des gens qu'elle aime, qu'elle a aimé, qu'elle admire. J'aime quand elle apaise mes peines, quand je peux glisser ma joue contre son cou, sentir son odeur de mère, ce parfum qui depuis toujours me rassure .
J'aime ses retours soudains d'accent poyaudin (je sais pas d'où elle sort ça mais ça me fait toujours marrer).
J'aime l'odeur de la confiture quelle fait cuire dans une grande marmite en cuivre depuis mon enfance, et l'écume de la première tournée qu'elle met de côté pour mon petit dèj.
J'aime ses petites attentions de mère. Combien de fois ai-je trouvé dans le fond de ma valise : un bouquin, une babiole, un bocal de bouffe maison, un petit mot, un vêtement qu'elle avait trouvé pour moi...?
J'aime être là pour elle, même si ce n'est pas forcément en de bonnes circonstances. J'aime lui faire comprendre à quel point j'aimerais être autant là pour elle qu'elle l'est pour moi.
J'aime mes parents. Je ne leur dis pas souvent alors que j'y pense tout le temps.
Je vous laisse, j'ai un coup de fil important à passer...