C'est l'histoire d'un coming out simple comme une lettre à la poste...
C'est l'histoire d'une gouine à crête qui, un jour de fête de la musique parle à sa mère au téléphone pendant une heure après s'être dit "c'est aujourd"hui que je balance tout".
C'est l'histoire de la même gouine à crête qui raccroche, aigrie, rageuse et déconfite, de n'avoir, une fois de plus, rien réussi à dire.
Cette fille elle en a assez, de pas leur parler, à ses parents. Alors après cette discussion elle décide que c'est la dernière fois, oui, la dernière fois qu'elle ne fait pas ce qu'elle s'était promis de faire. Elle attrape du papier, et un stylo, la goudou , toute déterminée qu'elle est.
Elle écrit une longue lettre à ses parents. Elle leur écrit tout, tout ce qu'elle n'a pas pu leur dire : le poids du silence, la peur de décevoir, l'Amour de sa vie, le soley dans son cœur, tout. Elle ne relit pas, elle n'avait pas fait de brouillon, pour ne pas reculer..alors non, elle ne relit pas, de peur de trouver qu'un truc cloche et de renoncer à sa lettre. Elle met dans l'enveloppe bleue où elle appose à l'encre argenté le prénom de son père, celui de sa mère, et son nom de famille, sa famille.
Elle va faire la fête de la musique avec l'enveloppe dans son sac. En chemin croise une poste. Ne pas prendre le temps de réfléchir pour ne pas hésiter...elle glisse la main dans le sac, y saisit l'enveloppe et..."autres départements" : ça y est, c'est fait !! Reste à attendre, et attendre, et attendre...que le tri soit fait, que la lettre parcourt la France, que le tri soit à nouveau fait..et que la grève des facteurs soit passée !
Mon père, m'a téléphoné hier, en premier, puisqu'il rentre le midi pour manger. Il m'a appelée pour me dire (je cite mot pour mot, dialogue certifié authentique et véritable):
"Tant qu'elle ne vote pas sarko et n'est pas militante à l'UMP, je vois pas ce que je serais censé trouver à redire. C'est sûr, c'est pas forcément ce que des parents attendent, mais moi je t'aime et tout ce que je souhaite c'est que tu sois heureuse."
****(genre je suis restée putain de sans voix!!)
Voilà. J'ai rien à ajouter. C'est mon père, mon héros. Il est trop... mon père à moi que j'aime quoi !
Ma mère n'appelait pas. Non. J'angoissais un peu du coup; parce que sa réaction à elle que je craignais le plus. Mais ma mère elle n'a lu ma lettre qu'en rentrant de la fête hier soir, tard. Elle m'a appelée ce midi...
"En fait j'avais compris...depuis l'été dernier..." et de deviser gaiement pendant une heure ensuite..(Mais merde, si t'avais compris t'aurais pas pu m'en parler ?!?! Ça servait à quoi que je me ronge les sangs si tu savais déjà hein, hein , hein ?!?!)
Voilà. Tout s'est bien passé, trèèèèèèès bien passé. Tellement bien passé que du coup j'ai un peu du mal à réaliser que ce truc qui m'a fait tant flipper est fait. Ayé, je suis "OUT"!!
grosse parenthèse on Là, c'est juste le moment du post où j'ai envie de dire à celles qui étaient out avant moi (ou qui ne le sont toujours pas d'ailleurs) et qui m'ont soutenue, encouragée mais jamais poussée...(vous vous reconnaîtrez les filles^^) que je les remercie, sincèrement, d'avoir été là contre le doute et les craintes sans jamais se faire pressantes. Et c'est aussi le moment du post, où je dis à celles qui sont encore dans leur placard lesbien que des parents sont avant tout deux êtres qui nous aiment et que, quoi qu'on vous dise, le "bon moment", sera le vôtre, toujours, celui où vous serez "prête" (l'est-on vraiment un jour?). Je vous souhaite autant de bonheur qu'à moi. grosse parenthèse off
Dans deux jours je pars, à la montagne, le coeur léger et l'esprit alerte. Je t'embrasse lectrice, te souhaite de bonnes vacances et/ou un été doux et chaud...