Je t'ai peut-être déjà dit que j'étais une auditrice assez assidue de France Inter. Rapport, sans doute, à ce que j'ai eu dans les oreilles avec mes premiers biberons, aux fous rires de mes parents avec "Rien à cirer", au "Jeu des mille francs" de Lucien Jeunesse, au "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet et à ses profondes prises de positions, aux questions pertinentes et souvent drôles de "maman les p'tits bateaux" (
où pour une fois, on ne répondait pas aux enfants qu'ils avaient des questions stupides parce qu'on en ignorait la réponse, mais où l'on invitait de vrais scientifiques pour répondre).
A l'époque où j'ai été en âge de mieux comprendre les émissions de Mermet, j'ai aussi attrapé au vol une émission écolo "CO2 mon amour" et les critiques du "masque et la plume" (
critiques que j'ai vite abandonnées parce qu'elles m'exaspèrent).
En me relisant, je réalise que cette radio rythme vraiment ma vie, ça fait presque peur ! Enfin, si j'ai beaucoup profité des émissions saisonnières, parce qu'elles étaient souvent diffusées pour les vacances et que c'est là que tu bricoles ou jardines avec la radio pas trop loin ("le monde selon wam" de Giordano était une réussite à mon sens..et avant d'être hebdomadaire l"Afrique enchantée" ne passait qu'en été).
Mais là où je suis le plus fidèle à cette radio, c'est quand j'émerge en douceur, les samedi et dimanche matins, en sachant qu'à 700km de là, ma mère écoute exactement la même chose, et que, sûrement, ce truc qui m'a fait rire lui a aussi décroché un sourire.
Parmi mes favorites, on compte:
la
Panique au Mangin Palace du dimanche et sa petite soeur du samedi "Panique au ministère psychique"
l'
Eclectik Rebecca Manzoni, remplacée par une consoeur jusqu'en mai
le
Crumble de Kriss, ou comment retrouver tous les dimanches une voix douce et familière, la tendre insolence de Kriss et ses drôles d'invités
la
prochaine fois je vous le chanterai..qui a accompagné nombre de mes petits déj' du week-end. Philippe Meyer, mammifère omnivore, nous emmène visiter la monde de la chanson sur des thèmes aussi divers que variés, et nous fait parfois découvrir des merveilles.
Dans son édition du 4 avril, Meyer nous proposait des "chansons d'amour". Ce samedi-là, je bossais, et, à midi j'en étais déjà à 5h de boulot. Il me restait environ trois quart d'heure de taff : finir l'égouttage du caillé, finir la plonge, et passer le balai brosse et la raclette
(passionnant!!).
Et voilà qu'alors que je commençais à en avoir plus qu'assez de ma journée, débarque Véronique Vella. Une comédienne qui interprète "Ouvre" et qui me plonge dans
le stupre une douce rêverie (et là, pour une fois, j'étais contente d'être seule à bosser dans le labo). Une chanson très suave sortie en 1933 dont l'interprète originale est Suzy Solidor.
Je n'ai pu retrouver sur la toile que sa version..enregistrée en 33..donc à la qualité sonore moyenne...mais l'érotisme du texte n'en est pas altéré.
(en fait ça me fait marrer de penser qu'en même temps que les Montand, Fréhel, Mistinguette, Mariano et Renaud qu'écoutait ma grand-mère, il ya avait aussi ce genre de trésor!)J'ai mis un moment à atterrir après ça; je te laisse profiter d'abord du texte puis de la chanson :
Ouvre (Suzy Solidor)Ouvre les yeux, réveille-toi,
Ouvre l'oreille, ouvre ta porte,
C'est l'amour qui sonne et c'est moi
Qui te l'apporte.
Ouvre la fenêtre à tes seins,
Ouvre ton corsage de soie,
Ouvre ta robe sur tes reins,
Ouvre qu'on voie.
Ouvre à mon coeur ton coeur trop plein
J'irai le boire à ta bouche !
Ouvre ta chemise de lin,
Ouvre qu'on touche.
Ouvre les plis de tes rideaux,
Ouvre ton lit que je t'y traîne,
Il va s'échauffer sous ton dos,
Ouvre l'arène.
Ouvre tes bras pour m'enlacer,
Ouvre tes seins que je m'y pose,
Ouvre aux fureurs de mon baiser
Ta lèvre rose !
Ouvre tes jambes, prends mes flancs
Dans ces rondeurs blanches et lisses,
Ouvre tes deux genoux tremblants,
Ouvre tes cuisses
Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir,
Dans les chauds trésors de ton ventre,
J'inonderai sans me tarir
L'abîme où j'entre.