Lettre à l' Autre

Bonsoir,

tu ne me connais pas. Je ne te connais pas non plus et n'en ai nullement l'intention. En d'autres circonstances j'aurais pu avoir envie de te connaître, nous aurions pu être copines, voire même amies, mais pas dans cette vie-là; faudra qu'on repasse au prochain karma.

Ce que je t'écris ici tu ne le liras pas. Je ne sais pas pourquoi je l'écris, peut-être pour me décharger un peu de ce que je ressens.

Je ne t'en veux pas, je ne te déteste pas. Je ne te hais pas (pas de haine sans amour dit-on!).
Je suis jalouse de toi, à en crever; ce n'est pas de ta faute. Tu as été au bon endroit au bon moment, et moi j'ai cessé de l'être (au bon endroit j'entends). Je ne sais pas ce qu'elle te trouve..mais comme j'ai jamais trop compris ce qu'elle me trouvait, à moi, on dira qu'on est quittes.
Je suis partie, j'assume..difficilement certes mais après tout j'ai fait ce qu'il y avait à faire.
Je pourrais te dire que je voudrais que tu n'aies jamais existé..mais si ce n'eût été toi, c'eût été une autre.

La femme que j'ai aimée, et que j'aime toujours, du plus profond de mon être, est amoureuse de toi.
Je ne sais même pas comment en si peu de temps, elle est passé d'amoureuse de moi à amoureuse de toi. J'ai pris la nouvelle comme un coup de poing en plein thorax, tu sais, la, entre le sternum et le nombril. Le truc que t'as vu venir et qui te coupe quand-même le souffle. Peut-être n'était-elle plus tellement "amoureuse " de moi. On ne défait pas l'amour comme ça; je le sais, je suis en plein dedans.
Elle est amoureuse de toi, donc.
J'espère que tu saisis bien la chance que tu as. J'espère pour elle que tu ne lui feras pas autant de mal que j'ai pu lui en faire. J'espère aussi que tu l'aimes, et que tu vas continuer à le lui montrer et à la rendre heureuse comme elle semble l'être aujourd'hui. Ce que j'aperçois de vous deux me rappelle bien des choses... et malgré la douleur de ne pas être à ta place, je ne puis que me réjouir de la savoir heureuse. (quel paradoxe : ça me tue de la savoir heureuse sans moi et je suis quand même heureuse qu'elle le soit (heureuse; rhooo, suis un peu!))

Je ne te souhaite pas que votre histoire dure, ce serait un vœu des plus hypocrites, voire carrément mensonger..mais je ne peux décemment pas te dire que je souhaite que ça se termine (même si, honnêtement..je ne souhaite que ça), parce que dans une histoire qui se termine il y a toujours de la souffrance...et je ne sais que trop cette souffrance.

Voilà, toi l'Autre, son Autre, ce que j'avais à te dire ce soir.
Prends soin du Soley, ne t'y brûles pas les ailes.

A jamais,

celle qui fut l'Autre d'une autre, avant toi.