D'aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours adoré les feux d'artifices. Au plaisir de spectatrice s'ajoutait la fierté de voir mon papa et ses copains courrir ventre à terre et lance d'allumage à la main.
Mon père tirait des feux d'artifices avant ma naissance et il en tire toujours à l'heure actuelle. Hier soir il était dans la commune dans laquelle il travaille habituellement comme quincailler, et aujourd'hui il est dans l'Indre avec mon frère.
Cette passion héréditaire m'a donc prise dès mon plus jeune âge, et je savais déjà installer une ligne de tir ou mettre les bombes dans les mortiers à 13 ans. J'aimerais bien, comme Papa, passer le certificat d'artificier, le fameux "K4"...mais il faut une semaine de formation à laquelle mes obligations scolaires ne m'ont jamais laisser le loisir d'assister...
Dès 13 ans donc, je filais un coup de main sur les petits chantiers de mon paternel. Mais pour pouvoir bosser avec les professionnels du feu qu'il compte parmi ses amis, il fallait attendre d'être majeur. Et ça m'a semblé bien long ! L'année de mes 18 ans, j'ai continué à l'aider et puis je me suis débrouillée pour le laisser tout seul l'année suivante.
En juillet 2007, j'ai signé mon premier vrai contrat d'artificier avec la société Intermède. (j'ai mis le lien de leur site en bas : allez voir!)
Ce travail est intense et difficile : il fait souvent chaud, nous faisons énormément de manutention, passons quinze mille fois de la position debout à accroupis puis debout...sans compter le stress des trucs qui posent problème : le respect des périmètres de sécurité, les mômes qui jettent des pétards sur le champ de tir, les lumières de la ville qui ne s'éteignent pas, à 10 secondes de l'heure H, l'ordi qui bug, la bande son qui ne part pas...
Chez Intermède il ya deux pros : Delphine, qui conçoit les feux, dirige la boîte, prospecte les nouveaux marchés et Jean-Eric qui est un fou génial de la mise en oeuvre. Tous les autres artificiers sont des amateurs passionnés : étudiants, retraités, cadres commerciaux, chauffeur de taxi, plombier, menuisier, photographe...
J'adore l'ambiance qui règne sur nos chantiers : entre les vieux briscards qui trouvent toujours une raison de râler, les jeunes qui s'éclatent et qui bossent comme des bargeots, la tension palpable qui monte qui monte qui monte à mesure que le ciel s'assombrit...
Pour ce qui est du feu en lui même c'est autre chose. Je suis une accro à la poudre noire. A quelques minutes du tir, vous me croisez complètement euphorique et nerveuse à en avoir les mains qui tremblent, tous les sens en éveil ou presque. La seule chose qu'on ne puisse pas faire c'est en effet goûter le spectacle pyrotechnique. Alors quand les lumières s'éteignent c'est tout un monde qui s'ouvre à moi : j'aime entendre les bombes sortir des mortiers et le regarder monter à toute allure avant l'explosion qui me retourne les tripes. J'aime entendre le grondement, les sifflements, les crépitements et les coups de tonnerre que cela génère. J'ai la chair de poule quand les explosions font vibrer mon coprs des pieds à la tête. Et l'odeur de la poudre brûlée et du souffre me transporte.
Lorsqu'il est bien fait, le feu d'artifices est beaucoup plus qu'un spectacle : c'est une communion, un évènement d'une sensualité envoûtante, à la limite de l'acte sexuel. ha, non promis, j'exagère pas, moi ça me fait simplement perdre la tête!
Pour la fête nationale, la boîte met en place plusieurs équipes réparties dans différentes communes. En 2006, j'avais fait le montage de Colombes le 13 et celui de Châlon sur Saône le 14 (le 14 j'avais assisté au feu qu'une de nos équipes avait monté sur le lac Kir à Dijon). En 2007 le feu de Colombes a été monté le 12 et je suis allée le tirer avec Delphine le 13 après avoir installé le feu de Bobigny. Le 14 nous étions 8 ou 9 à bosser sur les deux terrains de rugbys constituant le tir de Ris Orangis et le spectacle était magique.
Cette année je suis malheureuse : je suis en stage en Gironde donc privée de participation aux feux :je suis hyper frustrée. Pour compenser, j'irai passer une semaine au pays Basque espagnol pour les feux de la Semana Grande à San Sebastian. Si j'ai réparé mon appareil d'ici là, je tenterai de vous ramener de jolies photos. En attendant, je vous laisse celles de l'an dernier...
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