samedi 23 août 2008

A 15 ans...

A. (aka "ma zHérissonne") était ma siamoise meilleure amie, nous buvions des monacos dans les bars quand nos parents consentaient à nous emmener en ville et nous nous cachions pour partager nos cigarettes . Nous avions toutes les deux eu le coeur brisé par le même garçon à deux ans d'intervalle (on partage pas tout à fait TOUT, t'es pas fou?!), nous lisions les mêmes bouquins, passions nos journées (hors cours puisque jamais dans la même classe) ensemble et avions le même intérêt précoce pour les mecs aux allures de hippies et le petit postérieur du remplaçant de bio joliment mis en valeur dans un Levis archi-serré.

Nous rêvions de voyages, d'autonomie ("vivement la majorité!"), de flirts et d'histoires d'amour avec un grand A. Elle avait l'âme rebelle, pour ne pas dire anarchiste, j'étais plus conventionnelle et ses prises de position décuplaient mon admiration pour elle. Je la trouvais belle.

Elle n'habitait qu'à 8km de chez mes parents mais nous ne nous connaissions que depuis le collège. Le soir, à peine descendues du bus, nous nous appelions pour reprendre notre conversation (ça rendait mon père tellement furax qu'un jour il a débranché le téléphone en plein pendant un de nos coups de fil).
Nous avions brillamment décroché notre brevet et nous nous quittions pour deux lycées différents; elle partait en lettres, moi en sciences. Un lien sacré nous unissait, du moins nous le pensions. En fait, une seule grosse dispute avec séparation de trois mois, en six ans, c'est plutôt pas mal.

Beaucoup de ruptures, de chagrins d'amour et de larmes plus tard, le bac (et bientôt +2 pour moi ?!) en poche et après avoir évolué chacune de notre côté nous pourrions faire ce bilan :

Nous buvons toujours des monacos ( et accessoirement du cidre (une bouteille pour deux) quand on va à la crêperie ;-))
Nous fumons toujours en cachette (oui je sais, c'est ridicule, mais ça fait tellement longtemps qu'on se planque, c'est devenu super compliqué de sortir de la clandestinité).
Je viens de lui rendre un de ses livres.

Nous ne passons plus nos journées ensemble et avons beaucoup de mal à être dans le même département voire Pays! au même moment (Yonne, Indre-et-Loire, Côte d'Or, Haute-Vienne...Suisse!).

Je dois pouvoir compter sur une seule main le nombre de fois où nous nous sommes vues entre aout 2007 et aout 2008 (et je suis comme vous, je n'ai que dix doigts, équitablement répartis). Nous allons encore nous éloigner pour trois ans : elle à Rouen, moi à Toulouse, pas simple !

Pour ce qui est des convictions, elle n'a pas changé d'idées, elle les a juste adaptées à la dure réalité du monde dans lequel nous vivons. Et les conventions?...elle a trouvé l'homme de sa vie et s'installe avec lui quand moi je découvre les merveilles du monde de Sapho... ;-) putain je viens de m'outer sur mon blog!

Elle n'est pas belle, c'est pire que ça : elle est radieuse, magnifique, elle possède ce charme naturel, cette beauté modeste... Sa peau est dorée, ses lèvres sont fines, ses yeux félins (pas jalouse, envieuse!)...

Le lien sacré il existe bel et bien. Elle est mon héroïne, mon âme soeur, ma confidente. La seule personne en ce monde avec qui je partage tant. Elle, moi, nos doutes, nos envies, nos vies, notre intimité. Nous chérissons les lettres et les belles phrases mais ce n'est qu'à demi-mots que nous nous dévoilons l'une à l'autre. Je la comprends, elle me comprend. Une allusion, un geste, un regard, une nuance dans la voix ; communication du fond des âges, du bout des sens.

Une amitié, un amour à toute épreuve. C'était il y a six ans et pourtant c'est aujourd'hui. Rien n'a changé au fond. Là, quelquepart, ensemble, nous avons 15 ans... enfin plus tant que ça : nous parlons de maison, de bébés, d'école d'ingé. Et ailleurs dans ma tête il y a ces mots qui résonnent "Allez viens, j't'emmène au vent" (c'est sorti quand nous étions en 6ème!)


Nous avons dîné ensemble hier. Il fallait marquer le coup, pour les anniv et la longue séparation qui s'annonce. J'aurais aimé faire un instantané d'elle, fumant dans l'air du soir après avoir nourri les chevaux; pas la peine, le portrait s'est imprimé dans mon crâne et ce n'est pas un polaroïd, plutôt de la haute définition. J'aurais voulu, au moment de la raccompagner, que le temps s'arrête et que notre étreinte se prolonge un peu...

Peu importe, nous avons levé les barrières et les tabous que la distance et le temps avaient laissé se glisser entre nous. C'est au tour des Beatles de passer dans ma tête "Love you forever and forever, love you with all my heart. Love you whenever we're together, love you when we're apart."

Malgré la panique qui va bientôt faire partie intégrante de mon quotidien (la soutenance!! le déménagement! la rentrée ! le week-end d'intégration!! ...!!! ) , je suis sereine ; j'ai retrouvé mon étoile. Je la regarde vivre et j'aime ça.

4 commentaires:

Agrimony a dit…

ça c'est super beau, c'est un bel amour à soigner(dans le sens prendre soin de ...) Profite c'est tellement bon:) Merci pour cette belle lecture matinale...

ZeStE a dit…

Tout pareil que l'avis de dézinguette...!
(tes mots laissent à penser qu'il y a un peu plus que de l'amitié/admiration... mais c'n'est peut-être qu'une idée...).

Greenouille a dit…

--> Dézinguette : y a pas de quoi ( mais en fin de compte, cette lecture tu la dois autant à la muse qu'à l'auteur) ;-) T'en fais pas, je soigne, je soigne.

--> Zeste : le terme amour est bien présent dans ce texte; de là à définir cet amour...
J'ai eu peur un instant qu'il aille au-delà de celui que l'on éprouve pour une soeur ou une amie... C'est peut-être le cas (?)Quand je dis que c'est mon âme soeur, je le pense : elle fait partie de moi, de mon histoire, de ma vie. Mais quand je lui renvoies ses "je t'aime" je n'ai pas l'impression d'y mettre autre chose que ce qu'elle y voit (notre amitié, notre "franginité", notre complicité). Et la seule raison qui me rend jalouse de son mec c'est que lui il a réussi à la voir au minimum une fois par mois dans l'année écoulée ! mdr

Agrimony a dit…

zeste.... je l'ai pensé si fort que toi tu as osé l'écrire ;)