dimanche 17 août 2008

Si je gagne au loto

Vous vous êtes déjà demandé ce que vous feriez si vous gagniez au Loto, à l'Euromillion, à tous ces jeux d'argent ?

J'ai eu des rêves de voyage, des rêves de caritatif, des rêves de collection d'instruments et création d'un studio pour artistes amateurs.
Aujourd'hui je me dis qu'avec une grosse somme d'argent je LA rachèterais, la maison de mes grands-parents.



Parce que c'est dans cette cuisine que ma grand-mère nous préparait la brioche servie chaude au petit déj (avec du beurre en quantité et de la gelée des groseilles du jardin).

Parce que c'est dans cet atelier que mon grand-père nous fabriquait des meubles de poupées et des épuisettes pour aller pêcher les tritons dans la mare au fond du jardin.

Parce que c'est derrière cette fenêtre que j'ai observé mes premières mésanges, et le pic épeiche qui galérait pour venir manger la margarine parce qu'il était trop gros pour tenir sous le toit de la mangeoire.

Parce que c'est sous ce petit banc de pierre, dans ces interstices du puits, derrière ces hortensias, que, munis de paniers, nous dénichions les animaux en chocolat que les cloches avaient déposés là pour nous.

Parce que c'est dans ce jardin que mes parents se sont mariés (ben oui, on est roots ou on l'est pas!)

Parce que Papy, à 85 ans révolus, passait des journées entières à tailler les rosiers, désherber (à la main!) sa bande de roulement tracée au cordeau, arroser, biner...

Parce que je peux lire dans les yeux de mon père tant de souffrance à l'idée de devoir laisser d'autres gens habiter cette maison. Parce que cette souffrance est sans doute lisible dans mes yeux aussi. Parce que, hier, je suis allée tondre la pelouse et que j'ai pleuré pendant deux heures.

Parce que ma salope de cousine qui ne rêve que du pognon qu'elle pourra tirer de la vente ne peut pas s'en tirer comme ça. Parce que la vie est trop injuste parfois.

J'ai beau me dire que c'est un bien petit malheur, que j'ai la chance d'être en vie et en bonne santé, que j'ai des parents, des amis, qui m'aiment et que j'aime, etc...la blessure est là, béante, suintante. Elle n'arrive pas à cicatriser, elle s'ouvre à nouveau à chaque évocation du nom de ma cousine, à chaque passage à la maison. Elle tire sur les lèvres, les paupières, trouble mes nuits, me fait déverser des torrents de larmes, m'empêche de faire mes deuils.

J'ai des pensées, violentes, des envies violentes, un besoin de me faire violence, de danser à en avoir des crampes, de jouer à en avoir le souffle coupé, de rire à en pleurer. J'ai envie de métal dans ma chair, d'encre sur ma peau, de douleur physique, de douleur du corps, celle qui peut-être saura effacer, un instant, la douleur de l'âme.

Journée de merde hier, temps de merde aujourd'hui. Répet' demain, concert après-demain. J'ai hâte d'oublier un peu. Manger, boire, jouer, se marrer, faire danser, ne plus penser, panser...

5 commentaires:

Agrimony a dit…

Comme je te comprends... ma mère a lutté contre ses Cinq frères et sœurs pour revendre la maison de mon grand père à quelqu'un de confiance de sa connaissance... mais sous prétexte qu'ils pouvaient en tirer un meilleur prix, la maison est devenue trois pavillons sociaux, flambants neufs... fini la forêt de bambous en pleine région parisienne, fini les oiseaux qui chantent et le plaisir de cueillir les groseilles et les raisins de sa vigne dans son grand jardin...fini de nourrir les poules.. tout ça est révolu... je n'y ai jamais remis les pieds, je ne pourrai jamais.

Greenouille a dit…

Quand bien même la maison quitterait momentanément la famille, je ne laisserai pas mon père quitter ce monde sans avoir eu le plaisir de lui restituer NOTRE maison. J'y mettrai le temps et l'énergie qu'il faut. Il est des promesses que l'on se fait et que l'on se fait un honneur de respecter. Crois-moi, je ne promets rien en l'air, encore moins quand il s'agit d'une promesse faite à moi-même.

Agrimony a dit…

tu as raison... :)

Kanou a dit…

Comme je te comprends... la question s'est posée aussi dans ma famille après le décès de ma grand-mère... pour l'instant, ma mère, son frère et sa soeur la garde, mais jusqu'à quand ? Parce que l'entretien, ça coûte grave du pognon.

Pourquoi ne pas la louer en attendant des jours meilleurs financièrement parlant ? Au moins une partie de la maison si c'est possible ?

Greenouille a dit…

On ne peut pas la louer..pour ça il faudrait se mettre d'accord avec ma cousine...et ça, ni mes parents ni elle n'en semblent capables...
J'm'en fous, j'la racheterai, j'y passerai le temps qu'il faut, suis pas pressée